Les causes de l’émigration des Alsaciens vers les Etats-Unis sont nombreuses
dans la première moitié du XIXe siècle, mais les plus importantes sont les crises
agraires et industrielles, notamment celles de 1817 et de 1846 – 1848.
La disette de 1817, provoquée par les catastrophes naturelles de l’année
précédente, provoque un départ de plus de 5000 Alsaciens en moins de six mois.
A partir de l’été 1843, Henri Castro lance une vaste campagne publicitaire vantant
les bienfaits du Texas. A la fin de l’année, c’est plus de 70 familles alsaciennes
qui s’embarquent pour l’Amérique. Le succès est rapide, mais les autorités françaises
et alsaciennes voient d’un mauvais œil les activités de Castro dans la région.
Malgré une campagne de dénigrements, le recrutement continue et, en avril – mai 1844,
ce sont 44 familles qui partent.
Après bien des péripéties, les premiers colons fondent Castroville le 1er septembre
1844. Ce sont des Alsaciens pour la moitié d’entre eux. Une église y est
rapidement construite et les premières familles s’installent. Henri Castro qui
est loin d’avoir rempli son contrat, s’empresse de revenir en France pour
continuer son recrutement. Mais, pendant qu’il est au Texas, il est jugé à
Strasbourg pour escroquerie et est condamné à 5 ans de prison et à une forte
amende. De retour en Alsace, il fait appel du jugement et en Août 1845, il est
réhabilité, ayant apporté les preuves de la création de sa colonie, de la
distribution des terres et des témoignages des premiers colons.
A la fin de l’année 1844, alors que le premier jugement a déjà été rendu,
ce sont plus de 100 familles alsaciennes qui partent. Dès l’été 1846,
Castro termine sa campagne de recrutement sans atteindre le nombre de colons
requis pour remplir son contrat. Cependant entre 1847 et 1849 ce sont encore
72 familles qui décident de rejoindre par leurs propres moyens la colonie.
Au total entre 1843 et 1849 ce sont 372 familles alsaciennes qui partent
pour le Texas, mais toutes ne s’installent pas sur la concession de Castro,
et nombreux sont ceux qui se fixent ailleurs devant les difficultés rencontrées.
Depuis l’Alsace, le transport vers le Havre se fait essentiellement en chariot
à coton revenant à vide de Bâle (pour le Haut-Rhin) et de Strasbourg (pour le
Bas-Rhin). Les chariots sont littéralement investis par les familles qui emmènent
tous les ustensiles et alimentation nécessaires au voyage et à leurs premiers jours
sur le sol américain. Ils traversent la France de part en part marquant ainsi
l’imagination de ceux qu’ils croisent sur la route. Certains s’arrêtent à Paris
un ou deux jours pour profiter de la capitale avant de s’embarquer pour
l’aventure.
Les traversées de l’Atlantique à bord de voiliers ont été pénibles pour nos
Alsaciens à plus d’un titre: promiscuité, absence d’hygiène, maladies, mal de
mer... pour des voyages pouvant durer jusqu’à trois mois. Certains n’arrivèrent
jamais à destination, d’autres, nés pendant la traversée, n’auront pas connu la
France. Les points de départ vers l’Amérique pouvaient être Le Havre, Anvers...
suivant les cas et la légalité de l’émigration, les ports d’arrivée étant
New Orleans ou plus fréquemment Galveston au Texas.
Malgré les difficultés qu’ils purent rencontrer (accident, maladie, attaque de
maraudeurs mexicains ou indiens...) les colons ne renoncèrent jamais, le but
étant Castroville sur les bords de la rivière Medina. Le climat y est chaud l’été
(jusqu'à 40°) et sec et doux en hiver. La neige y est rare. La ville est située
dans une vallée entourée de collines, entre les premiers escarpements des
Rocheuses (au nord ouest) et les prairies texanes (au sud est). Le temps y est
agréable et comparable au climat de la Méditerranée.
Les relations entre les colons alsaciens et les Amérindiens se passent
relativement bien. Les indiens Lipans notamment leur fournissent du gibier
en abondance contre d’autres produits alimentaires et des boissons . On les
disait autant voleurs que meurtriers, et il n’était pas rare que l’un d’eux
kidnappe un colon dans le but de le dépouiller. Mais cela n’allait guère
plus loin.
Quelques familles ont réussi à faire fortune. C’était cependant l’exception
car les conditions de vie étaient souvent très rudes et très difficiles. Un
retour vers la France et l’Alsace était hors de question, car trop cher et
trop long. Les colons avaient tout vendu pour effectuer le voyage et n’avaient
plus de point de chute dans leur pays d’origine.
Aujourd’hui certaines villes alsaciennes ont repris contact avec leurs
descendants américains (pardon: alsaciens) qui sont peut-être pour certains
d’entre nous sont des cousins lointains.
Source: Gembri Old Timer Band, avec leur aimable autorisation
Mise en ligne: Old Jack, 12 mai 2008
Voir auusi la page de Roland Roth:
http://country-rolandro.e-monsite.com/pages/voyages-curiosites/castroville-texas.html
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